Exégèse biblique : livre de la Genèse, second jour : mise en évidence du platisme
Bonjour
bienvenue à ce billet biblique Bible consacré au second jour de la création. Je vous invite à regarder auparavant les cours d’introduction à la Bible, les premiers cours sur le premier jour, ainsi que les éléments liés aux scientisme mensonger et antichrétien.
Le second jour, tenant sur trois versets, est souvent traduit de la sorte :
6 Dieu dit: Qu’il y ait une étendue entre les eaux, et qu’elle sépare les eaux d’avec les eaux.
7 Et Dieu fit l’étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec les eaux qui sont au-dessus de l’étendue. Et cela fut ainsi.
8 Dieu appela l’étendue ciel. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le second jour.
Voyons l’hébreu pour donner une traduction beaucoup plus littérale :
6 וַיֹּ֣אמֶר אֱלֹהִ֔ים יְהִ֥י רָקִ֖יעַ בְּת֣וֹךְ הַמָּ֑יִם וִיהִ֣י מַבְדִּ֔יל בֵּ֥ין מַ֖יִם לָמָֽיִם׃
7 וַיַּ֣עַשׂ אֱלֹהִים֮ אֶת־הָרָקִיעַ֒ וַיַּבְדֵּ֗ל בֵּ֤ין הַמַּ֙יִם֙ אֲשֶׁר֙ מִתַּ֣חַת לָרָקִ֔יעַ וּבֵ֣ין הַמַּ֔יִם אֲשֶׁ֖ר מֵעַ֣ל לָרָקִ֑יעַ וַֽיְהִי־כֵֽן׃
8 וַיִּקְרָ֧א אֱלֹהִ֛ים לָֽרָקִ֖יעַ שָׁמָ֑יִם וַֽיְהִי־עֶ֥רֶב וַֽיְהִי־בֹ֖קֶר י֥וֹם שֵׁנִֽי׃ פ
Traduction littérale
6 : Il dit Dieu que soit un raquia entre les eaux et que soit une séparation entre des eaux et des eaux.
7 : Il a fait Dieu le raquia et il a séparé les eaux qui sous le raquia d’avec les eaux qui au dessus du raquia. Cela a été comme cela
8 : Il a crié Dieu au raquia jour et il fut soir et il fut matin. Jour deux.
Le mot crucial ici pour saisir tout ce qui est dit est raquia. Dieu a fait un Raquia. Mais qu’est-ce que le raquia ? Souvent, cela est traduit par firmament, mais c’est un mot qui ne permet pas de saisir une dimension fondamentale : ce raquia est rigide, solide. C’est d’ailleurs l’essence même de ce raquia de par son nom.
Regardons les autres occurrences de la même racine pour saisir cela :
Job 37:18 18 Peux-tu comme lui étendre les cieux, aussi solides qu’un miroir de fonte? (ici c’est le verbe étendre qui partage la même racine, mais on voit ce qui est dit de cette étendue : elle est dure comme la fonte)
Ez 1:22 Au-dessus des têtes des animaux, il y avait comme un ciel de cristal resplendissant, qui s’étendait sur leurs têtes dans le haut. (il faut lire ici comme un raquia de cristal. On voit donc encore un ciel solide et non pas une atmosphère comme nos scientifiques nous l’ont donné à croire).
Ps 18/19 1:2 Les cieux racontent la gloire de Dieu, Et l’étendue manifeste l’œuvre de ses mains. Croyez vous que le rien manifeste l’œuvre des mains de Dieu ?
Je ne vais pas multiplier inutilement les références. Vous l’aurez compris le Raquia est quelque chose de très solide et de transparent. C’est davantage un dôme, une voûte transparente mais rigide. Et ceci correspond bien à la conception cosmologique des hébreux, que vous avez pu entrapercevoir lors de l’étude du premier verset. Les hébreux avaient une vision du monde qu’on peut résumer ainsi : la terre est plate et recouverte d’un dôme. Elle repose sur des piliers. L’enfer est physiquement dans le monde souterrain, et le soleil et la lune sont à l’intérieur du dôme, très proche de nous, tandis que les étoiles sont comme projetées sur le dôme. Il n’y a pas d’espace extérieur au sens de l’espace des astronautes. Au dessus, on peut considérer que ce sont les différents cieux. Dieu est au dessus de ce dôme, à son sommet. C’est la seule représentation du monde qui puisse être consistante avec tout ce qui est décrit du début à la fin de la Bible. Je reviendrai sur les différents éléments relatifs aux étoiles et l’emplacement de Dieu. J’aimerai me concentrer sur un élément fondamental : la terre plate.
C’est probablement l’élément le plus saugrenu et le plus clivant que je vais énoncer, mais ceci est absolument rigoureusement exact. Ce n’est bien évidemment pas un dogme de foi orthodoxe, et on pourra rester en accord avec les innombrables témoignages de la sphéricité de la terre, sans se voir privé du Royaume des Cieux après avoir mené une vie agréable à Dieu en confessant la foi orthodoxe inchangée des Pères. Néanmoins, il me semble que ce serait se tromper à la fois bibliquement, patristiquement et scientifiquement.
Démonstration biblique
Bibliquement, la terre est plate. Vous trouverez bien évidemment des chrétiens qui défendront la sphéricité de la terre sur chacun des versets que je vais montrer comme preuve. Ils ont peur que le Christianisme passe pour quelque chose de risible. Ils veulent éviter que nous ne soyons ridiculisés. Mais nous sommes déjà ridicules pour nos opposants et détracteurs. Le problème de leur posture est qu’ils donnent une importance imméritée au monde scientifique.
Voyons les versets :
Tout d’abord une terre fixe, immobile, affirmée avec solennité en 1 Chr 16:30
29 Rendez à l’Éternel gloire pour son nom! Apportez des offrandes et venez en sa présence, Prosternez-vous devant l’Éternel avec de saints ornements!
30 Tremblez devant lui, vous tous habitants de la terre! Le monde est affermi, il ne chancelle point.
31 Que les cieux se réjouissent, et que la terre soit dans l’allégresse! Que l’on dise parmi les nations: L’Éternel règne!
La deuxième preuve biblique est tirée du premier livre de Samuel, dans le Cantique d’Anne, 1 Sm 2:8
6 L’Éternel fait mourir et il fait vivre. Il fait descendre au séjour des morts et il en fait remonter.
7 L’Éternel appauvrit et il enrichit, Il abaisse et il élève.
8 De la poussière il retire le pauvre, Du fumier il relève l’indigent, Pour les faire asseoir avec les grands. Et il leur donne en partage un trône de gloire; Car à l’Éternel sont les colonnes de la terre, Et c’est sur elles qu’il a posé le monde.
Ici Anne fait une prière pour avoir un enfant. La prière dans la Bible est classiquement l’énonciation de choses qu’on peut assurément attribuer à Dieu. Les hébreux ne font pas de poésie fantasque pour décrire les œuvres de Dieu. Au contraire, si Anne avait attribué à Dieu d’autres œuvres, des choses inexactes, c’eut été de l’idolâtrie. Vous imaginez un cantique qui dirait « tu es le Dieu puissant qui nous a libéré de Chine ? ». Anne a dit la vérité de sa connaissance. La terre repose sur des piliers. De par ce simple fait, la sphère qui tourbillonne dans l’espace est impossible à réconcilier. On ne peut pas avoir de piliers et une sphère qui répond à la description de la science moderne, les photos des satellites et des missions Apollo.
Is 40:22 C’est lui qui est assis au-dessus du cercle de la terre, Et ceux qui l’habitent sont comme des sauterelles; Il étend les cieux comme une étoffe légère, Il les déploie comme une tente, pour en faire sa demeure.
C’est le verset utilisé par les globistes. J’appelle globistes les partisans de la terre étant un globe, et les platistes les partisans de la terre plate. Mais l’hébreu n’indique pas sphère mais cercle. Une sphère n’est pas un cercle et vice versa. Souvent, les globistes affirment qu’une sphère vue de haut est un cercle. Je ne sais pas trop ce qu’est le haut dans l’espace. Par contre, ceci montre bien la vision hébraïque de Dieu au sommet de ce dôme qui recouvre la terre dont Isaïe nous enseigne par ailleurs qu’elle est un cercle.
Deux versets tirés du NT sont également déterminant pour voir le caractère plat de la terre dans la Bible. Le premier est tiré de Matthieu 4, lorsque Jésus est tenté par le Diable dans le désert.
8 Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire,
9 et lui dit: Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores.
C’est juste du bon sens, mais il ne peut pas lui montrer tous les royaumes sur un globe. Si le verset avait dit : il lui parla de, il lui évoqua cela, je ne l’aurai pas apporté pour preuve. Mais il les lui a montré. On pourra dire : il lui a présenté une image de tous les royaumes, mais ce n’est pas littéralement ce que dit le texte. Il lui a montré non pas une image des royaume, mais les royaumes. Sinon, la mention de la montagne très élevée ne fait pas sens.
Et enfin, tiré de l’Apocaypse : 20:9 : Et ils montèrent sur la surface de la terre, et ils investirent le camp des saints et la ville bien-aimée. Mais un feu descendit du ciel, et les dévora.
Le terme surface doit être pris dans une acception de platitude. Il s’agit du terme πλάτος qui véhicule une notion de longueur plane, comme dans Apo 21:16 et Eph 3:18.
Voilà pour la « démonstration » biblique. Si l’on considère la Bible au sens large, nous avons des citations de livres non bibliques dans la Bible. Par exemple, dans son épître, le Saint Apôtre Jude, cite le livre d’Enoch, qui ne fait pas partie des livres du canon (à part dans le canon des chrétiens éthiopiens). Ce livre diffuse également une vision platiste du monde. Mais j’aimerai surtout revenir un instant sur les chrétiens concordistes avant de passer à la terre plate dans la vision des Pères. Qu’est-ce que le concordisme ? Il s’agit de de réaliser une exégèse biblique si et seulement si elle est compatible avec les connaissances scientifiques. Par exemple, puisque la science dit que la terre est ronde et tourne autour du soleil, alors le chrétien concordiste va réaliser tout un ensemble de contorsions exégétiques pour faire en sorte que tous les versets où les hébreux témoignent de leur vision du monde ne soient pas lus littéralement, mais sous un mode poétique, sous un mode allégorique. Le problème de ceci est le suivant : ceux qui font ça considère Dieu comme une priorité de second ordre, et la science comme une priorité de premier ordre. En effet, c’est la science qui dicte la vérité des choses, et c’est le discours de Dieu qui doit s’effacer, s’adapter. Pourquoi n’êtes vous pas concordistes en inversant l’ordre des priorités ? Pourquoi ne dites-vous pas : une théorie scientifique est acceptable tant qu’elle ne remet pas en cause ce que Dieu a choisi d’enseigner aux hommes au travers de sa Parole et de son Église ? Si vous êtes concordiste selon le monde, vous faites passer Dieu après le monde. C’est un très mauvais choix du point de vue du salut. Le Christ n’a-t-il pas dit « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi; ». Posez vous la question de vos hiérarchisations, de vos priorités…
Démonstration patristique
Lactance :
Passons aux Pères de l’Église, qui eux ont réussi cette hiérarchisation, qui sont les relais entre le Christ et nous. Il n’y a dans toute la patristique des Pères principaux, à priori, aucune expression qui puisse permettre de statuer ainsi : les Pères de l’Église étaient platistes. Peu d’écrivains ecclésiastiques ou de Pères ont fait des mentions claires sur ce point. Le premier est un écrivain ecclésiastique peu connu, nommé Lactance, ou Lactantius en latin, puisqu’il s’agit d’un écrivain du monde latin, qui influença Saint Augustin et Saint Jérôme. Son œuvre aurait été mise à l’index si je peux utiliser cette expression, ici anachronique, par le patriarche de Rome Gélase, à cause d’éléments dualiste. Ceci explique sa faible notoriété dans le champs patristique latin. Il est en fait connu par cette mention de Copernic, dans son ouvrage décrivant la théorie héliocentrique : « Illustre écrivain mais piètre astronome qui parle de manière infantile de la forme de la Terre quand il se moque de ceux qui déclarent qu’elle a la forme d’un globe ». Lactance en effet a écrit « Ceux qui pensent qu’il y a des antipodiens opposés à nos pas, cela a-t-il quelque sens ? ou bien y a-t-il quelqu’un d’assez inepte pour croire qu’il y a des hommes dont les plantes des pieds sont au-dessus de leurs têtes ? ou bien que ce qui y est posé par terre, pour nous, pend en étant renversé ? que les herbes et les arbres croissent vers le bas ? que les pluies, la neige et la grêle tombent sur terre vers le haut ? »
Augustin
Dans cette foulée, Augustin, dans la cité de Dieu, livre XVI, chapitre 9, écrit : « Quant à leur fabuleuse opinion qu’il y a des antipodes, c’est-à-dire des hommes dont les pieds sont opposés aux nôtres et qui habitent cette partie de la terre où le soleil se lève quand il se couche pour nous, il n’y a aucune raison d’y croire. Aussi ne l’avancent-ils sur le rapport d’aucun témoignage historique, mais sur des conjectures et des raisonnements, parce que, disent-ils, la terre étant ronde, est suspendue entre les deux côtés de la voûte céleste, la partie qui est sous nos pieds, placée dans les mêmes conditions de température, ne peut pas être sans habitants. Mais quand on montrerait que la terre est ronde, il ne s’ensuivrait pas que la partie qui nous est opposée ne fût point couverte d’eau. D’ailleurs, ne le serait-elle pas, quelle nécessité qu’elle fût habitée, puisque, d’un côté, l’Écriture ne peut mentir, et que, de l’autre, il y a trop d’absurdité à dire que les hommes aient traversé une si vaste étendue de mer pour aller peupler cette autre partie du monde. » Les globistes noteront qu’Augustin laisse la porte ouverte à la possibilité que la terre puisse être ronde, mais trouve l’hypothèse absurde.
Chrysostome
Saint Jean Chrysostome ne dit jamais que la terre est plate. Mais tout ce qu’il énonce montre que pour lui la terre est plate. Il ne le dit pas, probablement parce que dans sa rhétorique et dans sa vision des choses, cela ne sert à rien d’expliquer des truismes, des évidences que tout le monde partage à son époque… il ne dit jamais non plus que l’eau mouille, mais il est très probable qu’il le pense également. Voici un long passage tiré de la neuvième homélie sur les statues. Vous pourrez voir que ce qui y est exposé n’est envisageables que dans le cadre d’une terre plate, et que Chrysostome est un littéraliste intégral. Le passage est long, mais il est superbe, et c’est une leçon de patristique en exégèse littérale.
« Il est naturel, tout le monde le reconnaît, que l’eau soit supportée par la terre, et la terre ne peut-être soutenue par l’eau. La terre est dense, elle est dure, solide, capable de résistance, et par là même elle soutient aisément les eaux. Mais l’eau qui est liquide, et sans consistance, qui se divise et s’écoule dans tous les sens, qui cède aux moindres efforts, ne pourrait jamais supporter un corps, même le plus léger. Un petit caillou jeté dans l’eau la fait reculer et fuir, et il s’ouvre un chemin vers ses profondeurs. Si donc vous voyez non pas un mince caillou, mais la terre tout entière portée sur les eaux sans s’enfoncer, n’admirez-vous pas la puissance surnaturelle qui opère ce prodige? Et où voyons-nous que la terre soit portée sur les eaux ? C’est le Prophète qui le dit : « Il l’a fondée sur les mers, et l’a établie sur les fleuves ». (Ps. XXIII, 2.) Et encore, dans un autre endroit : à celui qui a fondé la terre sur les eaux. (Ps. CXXXV, 6.) Que dites-vous, saint Prophète? L’eau ne peut soutenir à sa surface le moindre caillou, et elle porte la terre avec ses montagnes, ses collines, avec les villes, les plantes, les hommes, les animaux, et cela, sans être submergée ? Que dis-je, sans être submergée? comment se fait-il qu’entourée par l’eau dans sa partie inférieure pendant un si long espace de temps, elle ne se soit pas dissoute et changée en boue? Que le bois séjourne quelque peu dans l’eau, il se corrompt et se dissout ; que dis-je, le bois? Mais le fer lui-même, si solide pourtant, laissé continuellement dans l’eau, finit pas perdre sa dureté ; et ne doit-il pas en être ainsi puisqu’il tire sa substance de la terre? Aussi voit-on des esclaves qui se sont enfuis chargés d’entraves et de chaînes, s’arrêter au bord des ruisseaux pour y plonger leurs pieds; et quand ils ont amolli les fers qui les retiennent, ils n’ont pas de peine à les rompre avec une pierre. Oui, le fer s’amollit dans l’eau, le bois s’y putréfie, la pierre s’y dissout; et cependant la masse de la terre, établie sur les eaux depuis si longtemps, n’a été ni submergée, ni dissoute, ni détruite. Et, qui ne serait saisi d’étonnement et d’admiration, qui ne proclamerait bien haut que ce n’est point là l’ouvrage de la nature, mais celui d’une providence supérieure à la nature? Aussi est-il dit dans l’Ecriture : Celui qui a suspendu la terre sur le néant. (Job, XXVI, 7.) Et ailleurs : Dans ses mains sont les bornes de la terre. (Ps. XCIV, 4.) Et ailleurs encore : Il l’a fondée sur les mers. (Ps. XXIII, 2.) Ces textes semblent se contredire, et cependant ils sont parfaitement d’accord. En effet, dire : Il l’a fondée sur les mers, n’est-ce pas dire aussi : Il a suspendu la terre sur le néant. Quelle différence y a-t-il, je vous prie, entre se tenir sur les eaux et être suspendu sur rien? A quoi donc la terre est-elle suspendue et sur quoi s’appuie-t-elle? Le Psalmiste ne vous le dit-il pas ? Les bornes de la terre sont dans ses mains. Ce n’est pas que Dieu ait des mains, seulement David veut nous faire comprendre que cette souveraine Puissance dont la Providence s’étend à l’univers entier, soutient aussi et porte la masse de la terre. Et si vous ne l’en croyez pas sur parole, croyez-en du moins vos yeux. Un autre élément encore peut vous offrir de semblables merveilles. Le feu, de sa nature, s’élève dans les airs, il pétille et s’élance : c’est en vain que vous chercherez à le contraindre, à le violenter; vous ne pourrez le forcer à descendre. Allumez un flambeau, inclinez-le, vous ne pourrez forcer la flamme à se diriger vers le sol : toujours elle remontera, toujours elle sera repoussée en haut. Or, Dieu a imposé au soleil des lois toutes contraires. Il a dirigé ses rayons vers la terre, il a voulu que sa lumière descendît jusqu’à nous, lui tenant pour ainsi dire ce langage : « Regarde en bas, et luis pour les hommes : car c’est pour eux que tu as été créée.» La flamme d’une lampe ne peut s’y résigner, et cet astre si magnifique et si admirable tourne ses rayons vers la terre, suivant des lois toutes contraires à celles du feu, pour obéir à la puissance de son auteur. Voulez-vous contempler encore d’autres merveilles ? La voûte extérieure de ce firmament que nous apercevons est tout entière recouverte par des eaux, qui ni ne s’écoulent, ni ne se retirent. Telles ne sont pas cependant les lois auxquelles d’ordinaire obéit cet élément! Les eaux se rassemblent aisément, quand la surface est concave; mais sur une surface convexe elles s’écoulent de tous côtés et on n’en voit pas rester une seule goutte. Et ce phénomène étrange, on le remarque pourtant dans les cieux. C’est ce que veut encore faire entendre le Prophète, quand il dit: Louez le Seigneur, eaux qui êtes au-dessus des cieux. (Daniel, III, 60.) Ces eaux n’ont pu éteindre le soleil, ni le soleil les dessécher, depuis si longtemps qu’il poursuit sa course au-dessous d’elles. »
Athanase :
Saint Athanase d’Alexandrie, dans son traité contre les païens, tient le même genre de discours que Chrysostome : pas ouvertement platiste, mais très probablement. Mais sur ce point il n’y a pas de consensus patristique. Par exemple, Athenagoras, Père Apologète anténicéen du deuxième siècle postule une terre ronde. Etant de culture grecque, et la terre ronde étant une option physique connue dans le monde grec depuis des siècles, cela n’est pas étonnant. Ainsi, si la terre est plate bibliquement, il faut bien constater qu’il n’y a pas de consensus patristique sur le sujet, mais les Pères étant des littéralistes, nous nous autorisons à penser qu’ils étaient platistes dans leur écrasante majorité.
Mais vous me direz que tout ce débat, tout cet exposé n’a aucun sens. A la limite, avec empathie, on peut comprendre que Saint Jean Chrysostome ou Saint Augustin aient été platistes, mais nous… aujourd’hui !!! Nous n’avons pas une ou deux preuves, mais une avalanche de preuves sur le fait que la terre est ronde. Et bien sachez que le platisme, au tout début, semble absurde. Il faut déjà savoir qu’il existe un mouvement platiste très très dynamique aux USA, et qu’il n’est pas exclusivement chrétien. Néanmoins une chose est sûre : il y a une abondance de témoignages de conversions dues au platisme. Et ce mouvement platiste n’est d’ailleurs pas unifié sur la proposition d’un modèle. Ils travaillent à expliquer comment se produisent les saisons, les éclipses, se réunissent en congrès annuels, afin de confronter leurs hypothèses, et ne sont pas d’accord sur tout. Une seule certitude pour eux : la terre n’est pas ronde, ne bouge pas dans l’espace autour d’un soleil qui lui même se déplace, bref, tout le catéchisme scientiste actuels. Lors de l’émergence de ce mouvement, il a été la risée des scientistes et des vidéos et articles de réfutations ont pullulé, d’un côté comme de l’autre. Plusieurs choses intéressantes à observer, si le sujet vous intrigue: le platisme est toujours présenté comme étant relatif à la « flat earth society ». Pourtant, les platistes les plus actifs ne se réclament pas du tout de cette étrange association qui, si elle voulait décrédibiliser le sujet ne s’y prendrait pas autrement. Ensuite, les positions platistes sont toujours présentées différemment de ce que les platistes revendiquent eux-mêmes dans leurs travaux. On voit donc rapidement, qu’étrangement, toutes les présentations des media mainstream et des vulgarisateurs scientifiques sur les réseaux sociaux sont dans l’écrasante majorité fausse. Une autre chose intéressante à noter, est que les arguments qui ont le plus de poids aux yeux des platistes, ces arguments ne sont jamais réfutés d’une façon satisfaisante. Ne leur sont, ne nous sont présentés que des arguments que nous avons réfutés depuis des années déjà, et on nous ressort encore et encore les mêmes arguments, en s’imaginant peut-être que ces points là n’ont jamais été adressés ? Et dire à quelqu’un qu’il est fou ou stupide n’a jamais été très efficace, sur aucun sujet. Une bonne façon de se faire une opinion sur une question est de regarder un débat contradictoire, meilleurs façon de faire émerger la vérité, même si le talent rhétorique et oratoire peut parfois faire illusion. Il ne m’a jamais été donné de regarder un débat ou un platiste ait été mis à mal. Par contre la position scientifique officielle se fait toujours littéralement pulvériser. Cela n’a pas valeur de preuve, mais c’est tout de même un signe.
Quelques arguments “scientifiques”
Alors, il y a deux arguments massue pour le platisme : le premier est qu’un gaz s’échappe, s’il n’est pas contenu dans un espace clos. Nous voudrions avoir une réponse globiste permettant d’expliquer la présence des gaz atmosphériques sans le dôme dont Moïse a fait mention dans ce verset. La question a des années, mais n’a pas trouvé de réponse.
Le second argument platiste est une réponse époustouflante à ce qui a conduit les grecs à penser que la terre était ronde dans l’antiquité. Lorsqu’un bateau s’éloigne du port, on le voit comme descendre dans la mer, ne voyant d’abord plus la coque puis plus le bas de la voile et ainsi de suite. Ils en ont déduit une courbure de la terre. On ne saurait les en blâmer, car il s’agit en fait d’un phénomène optique expliqué par les platistes. Aujourd’hui, avec les capacités de zoom de certains appareils photo on peut voir très loin. Et avec l’aide de ces appareils, ô surprise, on peut voir ce qui est censé être caché derrière la courbure de la terre. La science en panique nous répond qu’il s’agit d’un mirage… Il est savoureux de voir que si l’on valide la courbure de la terre, il n’y a pas de phénomène optique, mais si on l‘invalide, alors il y a bien un phénomène optique…
Mais de toute façon, me direz vous, nous avons des photos de la terre. Toute la fabuleuse histoire de la conquête spatiale nous a démontré une toute autre histoire du monde : nos milliers de satellites, les extraordinaires missions apollo qui ont envoyé l’homme sur la lune, la station spatiale internationale, etc etc etc. que nous montrent-ils : un globe, et pas l’ombre d’un dôme. Et bien vous savez ici, ce n’est plus un problème scientifique, car globistes et platistes se renvoient à la tête des arguments savants, mais aucun de ceux qui s’affrontent avec passion n’est allé dans l’ISS ou sur la lune. Donc ici, c’est un problème d’autorité. L’écrasante majorité des humains n’a aucun moyen de dire si le terre est ronde ou pas. Elle reçoit l’information d’une entité qu’elle estime crédible et la croit. Elle ne sait pas si la terre est ronde, elle le croit. Je vais prendre une analogie : je ne suis pas allé personnellement en Chine. De nombreuses personnes me disent que la Chine existe, je vois des photos, etc. Je les crois. Il ne s’agit pas d’expérience. Des personnes sont allées sur la Lune, dans l’espace, ont envoyé des satellites, des fusées, etc. Tout ceci semble crédible. C’est déjà très séduisant, enthousiasmant. Quel petit garçon (c’est peut-être un peu moins vrai pour les filles) n’a pas rêvé à un moment d’être cosmonaute ? L’aventure humaine et scientifique de la mission Apollo qui a vu des hommes marcher sur la Lune, n’est-elle pas une des plus grandes pages de l’histoire de l’humanité ? Et bien je vous le dis, tout est faux. Tout est une énorme mascarade. Si vous vous penchez sur la NASA, sur toute l’histoire de la conquête spatiale, sur la station spatiale internationale, tout ceci est une grossière supercherie. Cela fait belle lurette que la mission apollo a été debunké sur toutes les incohérences qu’elle soulève. Une petite recherche sur le web vous montrera en détail tous les mensonges et incohérences sur ce sujet, mais je vous adresse déjà ces simples remarques de bon sens : nous sommes aujourd’hui nombreux à douter de la mission apollo 11. Si la NASA a menti sur cette mission, vous croyez qu’il sera problématique pour eux de vous mentir sur les soi disant photos satellites de la terre ? La NASA elle même reconnaît officiellement que les photos sont retravaillées infographiquement. On se demande bien pourquoi… Si vous comparez les photos de la terre émanant de cette agence spatiale, les continents ont une taille qui varie. Nos amis scientolâtres nous diront probablement qu’il s’agit encore d’un mirage. Ce que nous voyons n’est pas vrai… on connaît la musique. Bref tout ceci est plus que douteux…
Une dernière chose, qui a plus valeur de clin d’œil que de preuve bien évidemment, mais NASA en hébreu signifie mensonge. J’avais expliqué que l’hébreu représente l’essence profonde des choses. La NASA n’est donc qu’un grand mensonge…
Résumons : bibliquement, la terre est plate. Patristiquement, elle peut être considérée comme plate. Scientifiquement, les gens qui disent qu’elle est ronde sont des menteurs pathologiques qui sont tout sauf crédibles. Des gens font des expériences simples, sur le plancher des vaches, montrant que la courbure de la terre n’empêche pas de voir des choses, qui sont normalement officiellement impossible à voir. A chaque fois que les globistes sont acculés par les constatations platistes, ils utilisent la gravitation comme mantra, comme échappatoire. Mais qu’est-ce que la gravité ?
J’imagine le choc pour vous. Certains ont peut-être déjà cessé de lire l’article. D’autres se demandent comment peut-on raconter de telles inepties et nous perdrons probablement des abonnés et gagnerons un tumulte de commentaires peu élogieux. Nous nous y attendons. Nous nous en désolons, et nous n’avons pas d’autre but que de diffuser l’enseignement de l’Église orthodoxe. Et ceci n’est même pas une problématique orthodoxe au sens dogmatique du terme. Je le répète, vous pouvez très bien être globiste et gagner votre ciel. Ce n’est pas un élément de salut. Si vous êtes globiste, et que vous trouvez cela stupide, nous vous mettons au défi de prouver par vous même, et non pas en faisant référence à des instances gouvernementales ou militaires que la terre est ronde. Ce défi, si vous êtes honnête, vous fera devenir platiste. C’est ce qui s’est produit pour nous tous…
Fin de la digression, et revenons à la Bible.
La Bible littérale
Que nous décrit ce verset, littéralement. Le dôme posé au dessus de la terre, a séparé les eaux en deux : des eaux étaient au dessus de ce dôme et des eaux en dessous de ce dôme. C’est la seule fois dans tout le récit de la création qu’il y a une séparation concernant un élément de même nature. Dans les autres séparations, ce sont des opposés : le jour et la nuit, la lumière et les ténèbres… Vous remarquerez aussi que dans le texte hébreu, Dieu ne dit pas que cela est bon. C’est la seule fois dans toute la création qu’il n’y a pas cette affirmation positive. Dans le cours précédent, j’avais abordé la problématique du quand de la révolte des anges : ceci est le deuxième « moment candidat ». Le texte grec des LXX porte cette mention de faveur divine. C’est une des différences majeures entre grec et hébreu. Je vous renvoie aux cours d’introduction sur la façon de recevoir ces différences.
Passons aux commentaires patristiques sur le dôme et sur les eaux. Comment les Pères ont-ils lus les trois versets de ce second jour ?
Chrysostome
Commençons par le divin patriarche de Constantinople, Saint Jean Chrysostome. Car oui, il fut une époque, où Constantinople était une phare, un moteur de l’orthodoxie. Chrysostome est très prudent sur la nature de ce firmament « Après donc que Dieu eut créé le firmament, il ordonna qu’une moitié des eaux resterait sous le firmament, et que l’autre moitié demeurerait suspendue au-dessus. Mais enfin qu’est-ce que le firmament? Dirons-nous qu’il est une eau condensée, un air étendu, ou quelque autre élément? Nul homme prudent n’oserait l’affirmer : et il nous convient de recevoir les paroles de l’Écriture avec une humble reconnaissance, sans franchir les bornes naturelles de notre savoir, ni approfondir des mystères qui surpassent notre intelligence. Il nous suffit donc de savoir et de croire que Dieu, par sa parole, a créé le firmament pour séparer les eaux, et qu’effectivement les unes sont au-dessus et les autres au-dessous. »
Ce qui lui semble davantage important dans notre lecture des Écritures, est le fait de ne pas croire en des cieux multiples. Le pluriel hébraïque de cieux est lié uniquement à la spécificité de la langue, comme il l’explique ici : « Écoutez donc avec beaucoup d’attention ce que je vais vous dire, et ne vous laissez point facilement ébranler par ceux qui vous débitent toutes leurs rêveries. Tous les livres sacrés de l’Ancien Testament ont été originairement composés en hébreu, personne ne le contredit. Or, quelques années avant la naissance de Jésus-Christ, le roi Ptolémée, curieux de réunir une riche bibliothèque, voulut joindre nos Livres saints à tous ceux de divers genres qu’il avait déjà rassemblés. C’est pourquoi il fit venir de Jérusalem quelques juifs pour les traduire en grec, ce qu’ils exécutèrent heureusement. Et voilà comment il arriva, par une disposition particulière de la Providence, que non-seulement ceux qui entendaient l’hébreu, mais généralement tous les peuples, purent profiter de nos saints Livres. N’est-il pas aussi bien surprenant que ce dessein ait été conçu par un prince idolâtre, et qui, loin de suivre la religion des Juifs, observait un culte tout opposé? Mais c’est ainsi que le Seigneur dispose toutes choses, afin que les ennemis de la vérité soient les premiers à la faire éclater.
Au reste cette digression historique était nécessaire , pour vous rappeler que l’Ancien Testament n’a pas été écrit en grec, mais en hébreu. Or les hébraïsants les plus distingués nous apprennent que dans cette langue on emploie toujours le mot ciel au pluriel. Les docteurs syriens en conviennent eux-mêmes; et ainsi un hébraïsant ne dira jamais le ciel, mais les cieux. Le psalmiste a donc eu raison de dire les cieux des cieux. Et ce n’est point qu’il y ait plusieurs cieux, car Moïse ne vous le dit pas; mais c’est le génie de la langue hébraïque qui emploie le singulier pour le pluriel.
S’il y avait en effet plusieurs cieux, l’Esprit-Saint nous en aurait appris par Moïse l’existence et la formation. Retenez avec soin cette observation, afin que vous puissiez fermer la bouche à tous ceux qui avancent des dogmes contraires à l’enseignement de l’Église, et que vous demeuriez convaincus de la véracité de nos saintes Écritures. Car vous ne vous réunissez ici fréquemment, et nous ne vous faisons d’amples instructions que pour vous mettre en état de rendre raison de votre foi»
Basile
Il postule qu’il y a plusieurs cieux dans sa troisième homélie sur l’Hexamaeron : « Car nous sommes si éloignés de ne pas croire un second ciel, que nous en cherchons même un troisième, celui que le bienheureux Paul a eu l’avantage de contempler. En nommant les cieux des cieux, le psalmiste nous annonce qu’il en existe plusieurs. Les cieux ne sont pas plus extraordinaires que les sept cercles que parcourent les sept planètes… ». Vous venez de constater une divergence d’opinion entre deux Pères de l’Église. Chrysostome postule un ciel, Basile plusieurs. Ce sont, ce que la théologie appelle des théologoumenon, des opinions théologiques personnelles, qui n’ont pas d’incidence sur la dogmatique et sur le salut. Ainsi, vous pouvez pencher pour l’un, ou pour l’autre, sans perdre votre orthodoxie.
Basile va d’abord s’interroger sur comment l’eau pouvait tenir sur un dôme ? Le fait même qu’il se pose cette question, montre bien, une fois de plus, leur littéralisme intégral : « Et Dieu dit: Que le firmament soit fait , afin qu’il divise les eaux d’avec les eaux. Et Dieu fit le firmament; il divisa les eaux qui étaient sous le firmament d’avec celles qui étaient au-dessus du firmament. Avant de chercher le sens de ces paroles, tâchons de détruire les objections qui nous sont faites. On nous demande comment, s’il est vrai que le corps du firmament soit sphérique, ainsi qu’il le paraît à la vue, et si l’eau est de nature à s’échapper et à se répandre d’un lieu élevé; on nous demande comment les eaux ont pu se tenir sur une surface convexe. Que dirons-nous à cela ? Quoique dans sa partie concave un objet nous paraisse d’une exacte rondeur, ce n’est pas une raison pour que sa partie convexe soit sphérique et se prolonge dans une ligne parfaitement circulaire. Par exemple , les bains et autres édifices pareils, quoiqu’arrondis en arcs au-dedans, nous offrent souvent au-dehors une surface plane et unie. Ainsi, qu’on ne se fasse pas à soi-même et qu’on ne nous fasse pas de difficultés, comme si l’eau ne pouvait tenir sur la partie élevée du firmament, dont nous allons examiner la nature, et pourquoi il est placé entre les eaux. »
Il va ensuite s’intéresser à la fermeté du dôme : « L’Écriture, comme on le voit par divers passages, a coutume d’appeler firmament ce qui a une force et une solidité particulière. Les philosophes païens eux-mêmes appellent corps ferme , un corps plein et solide, pour le distinguer du corps mathématique. Le corps mathématique est celui qui n’existe que par des dimensions en longueur, largeur et profondeur. Le corps ferme est celui qui, outre ces dimensions, a encore de la résistance. L’Écriture appelle firmament, tout ce qui est fort et inflexible : elle se sert même de ce mot pour exprimer un air extrêmement condensé. C’est moi qui affermis le tonnerre, dit-elle (Amos. 4. 13.). Elle appelle affermissement du tonnerre , la ferme résistance de l’air enfermé dans les nues, qui fait longtemps effort, et qui éclate enfin avec un bruit horrible. De même ici nous pensons que le mot firmament est employé pour exprimer une substance ferme et solide, laquelle est en état de retenir l’eau qui s’échappe et se répand aisément. N’allons pas croire néanmoins, parce que le firmament, selon l’acception commune, paraît tirer son origine de l’eau, qu’il ait quelque rapport ou avec l’eau gelée, ou avec quelque autre matière semblable, dont le principe est une eau filtrée, tel que le cristal, qui provient de la plus excellente des congélations; ou cette pierre diaphane qui se forme dans les mines , et dont la transparence approche de celle de l’air le plus pur, lorsque dans toute sa largeur et toute sa profondeur elle n’offre aucune tache ni aucune fente. Le firmament ne ressemble à aucune de ces matières. il y a de la simplicité et de la puérilité à se faire de pareilles idées des corps célestes. Et parce que tous les éléments se trouvent partout, que le feu est dans la terre, l’air dans l’eau, et ainsi des autres; parce qu’aucun des éléments qui tombent sous nos sens n’est pur , qu’il est toujours mêlé avec l’élément dont il est l’ami ou l’ennemi, ne nous imaginons pas non plus à cause de cela que le firmament soit un des éléments simples ou un mélange de plusieurs. Nous apprenons de l’Écriture à ne point permettre à notre imagination de se figurer autre chose que ce que les Livres saints rapportent. N’oublions pas de remarquer qu’après que Dieu a donné cet ordre: Que le firmament soit, il n’est pas dit simplement et le firmament fut; mais, et Dieu fit le firmament ; ensuite, et Dieu divisa. Écoutez, sourds, et vous, aveugles, levez les yeux. Et quel est le sourd, sinon celui qui n’entend pas l’Esprit-Saint qui crie d’une voix si éclatante ! quel est l’aveugle? celui, sans doute, qui n’aperçoit pas des preuves si sensibles du Fils unique de Dieu. Que le firmament soit; c’est la voix qu’adresse à son Fils le principal Auteur de l’univers. Dieu fit le firmament ; c’est le témoignage d’une puissance effectrice et créatrice. »
Plus loin dans son homélie, Basile va se demander ce que sont devenues ces eaux au dessus du dôme ? Il répond en révélant un certain agacement vis à vis des scientifiques de son époque. On pourra donc peut-être établir une loi universelle sur le caractère pénible des scientifiques, et en tout cas sur l’agacement qu’ils savent nous procurer : « Ils disent, ces physiciens ( car que ne se permettent-ils pas de dire ? ), que le soleil n’est pas chaud. Et voyez sur quelle preuve ils s’annotent pour combattre l’évidence. Comme sa couleur est blanche, disent-ils, qu’il n’est ni rouge ni blond, conséquemment il n’est pas de feu par sa nature, mais sa chaleur vient d’un mouvement fort rapide. Qu’infèrent-ils de-là ? croient-ils que le soleil ne consume aucune humidité ? Quoique leur assertion soit fausse, je ne la rejette pas néanmoins, parce qu’elle s’accorde avec mon opinion. Je disais que la grande quantité d’eau est nécessaire , parce que le feu en consume beaucoup. Or, que le soleil ne soit pas chaud par sa nature, mais qu’il recoure d’une certaine disposition sa chaleur inflammable, cela empêche-t-il qu’il ne produise les mêmes accidents sur les mêmes matières ? Que les bois frottés les uns contre les autres donnent le feu et la flamme , ou qu’ils soient embrasés par une flamme allumée, il résiste toujours le même effet de l’une et l’autre cause. Au reste , nous voyons la grande sagesse de celui qui gouverne l’univers, en ce qu’il fait passer le soleil d’un point à un autre, de crainte que s’arrêtant au même endroit, il ne ruine l’économie du monde par un excès de chaleur. »
Basile, vers la fin de son homélie, va même attaquer ceux qui ont une lecture allégorique de ce passage, tel Origène, voyant dans cette division une allégorie d’une séparation entre des puissances spirituelles. On voit donc que Basile est un défenseur véhément d’une lecture littérale du récit de la création. Je rappelle qu’il fait partie des trois saints hiérarques de l’orthodoxie et que l’hexamaeron est son œuvre la plus marquante avec le traité sur le Saint Esprit. Il écrit : « Il nous faut ici répondre à quelques écrivains ecclésiastiques sur la séparation des eaux. Sous prétexte de trouver dans l’Écriture des sens plus relevés , recourant aux allégories, ils disent que les eaux signifient métaphoriquement des puissances spirituelles et incorporelles; que les meilleures de ces puissances sont restées en haut dans le firmament; que celles qui sont mauvaises ont été jetées en bas dans des lieux grossiers et terrestres. C’est pour cela, disent-il, que les eaux qui sont au-dessus des cieux louent le Seigneur ; c’est-à-dire, que les puissances bonnes, qui , par leur pureté, sont dignes de tenir le premier rang, payent au Créateur un tribut convenable de louanges ; que les eaux placées au-dessous des cieux sont des esprits mauvais , qui sont tombés de leur nature sublime dans l’abîme de la méchanceté ; que, comme ils sont turbulents , séditieux, agités par le tumulte des passions , ils sont nommés mer à cause de la variation et de l’inconstance des mouvements de leur volonté. Rejetant de pareils discours comme des songes frivoles et des fables absurdes, par les eaux entendons les eaux, et croyons que la séparation en a été faite par le firmament pour la raison que j’ai dite. Que si les eaux placées au-dessus des cieux sont chargées quelquefois de glorifier le souverain Maître de l’univers, ne leur donnons pas à cause de cela une nature raisonnable. Car les cieux ne sont pas des êtres animés , parce qu’ils racontent la gloire de Dieu (Ps. 18. 1.) , et le firmament n’est pas un animal qui ait du sentiment, parce qu’il annonce l’ouvrage de ses mains. Si l’on dit que les cieux sont des puissances contemplatives , et le firmament des puissances actives , occupées à faire ce qui convient, ce sont là de magnifiques discours, mais qui ne sont pas appuyés sur la vérité. Car alors la rosée, les frimas, le froid et la chaleur seraient des êtres spirituels et invisibles ; parce que, dans le Prophète Daniel , ils reçoivent l’ordre de célébrer le grand Ouvrier du monde ( Dan. 3. 64. ). Mais c’est le rapport d’utilité de ces êtres considéré par des créatures raisonnables, qui constitue la louange adressée au Créateur. Non-seulement les eaux placées au-dessus des cieux chantent une hymne au Seigneur, comme méritant une distinction par l’excellence de leur vertu; mais, dit le psalmiste : Louez le Seigneur, vous qui êtes sur la terre, dragons et tous les abîmes ( Ps. 148. 7.) Ainsi cet abîme auquel ceux qui usent d’allégories accordent une si mauvaise part , n’a pas été jugé par David digne d’être rejeté , par David qui l’admet dans le chœur de toutes les créatures , et qui le charge de chanter avec elles l’hymne au Créateur suivant le langage qui lui est propre. ». La leçon de Basile est la suivante : une allégorie, pour être recevable en herméneutique patristique doit reposer sur une lecture littérale déjà affirmée. Sinon, tout peut servir d’allégorie, et peut représenter tout et n’importe quoi. Ainsi, le lecture allégorique n’est pas impossible ici, mais elle doit se baser une littéralité rigoureuse. Origène, originaire d’Alexandrie, n’a pas toujours eu cette rigueur, ce qui l’a entraîné parfois dans des terrains peu orthodoxes.
Augustin
Il est encore plus prudent que Chrysostome, et penche pour une allégorie, du type de celles que réfutait Basile. Cela vous montre que sur ce point, il n’y a pas de consensus patristique, mais différentes approches et sensibilités. La différence entre Augustin et Origiène, c’est que le premier est resté orthodoxe et a été nommé docteur de l’Église par le cinquième concile œcuménique, tandis que le second, bien qu’auteur d’exégèses superbes et inspirantes, est tombé dans l’hérésie, et sa doctrine et sa personne ont été condamné, justement au cinquième concile œcuménique. Cette petite piqûre de rappel me semble nécessaire, car certains milieux « orthodoxes » sont prompts à lire Origène et à condamner Augustin. Cela laisse songeur… Que dit Augustin ? : «Y-a-t-il au dessus du firmament des eaux semblables à celles que nous voyons sous le firmament ? Ou bien, comme en cet endroit, l’écrivain sacré parait désigner l’eau sur laquelle était porté l’Esprit, l’eau où nous avons vu la matière du monde; ne faut-il pas entendre que cette eau a été divisée par l’interposition du firmament, et que l’eau inférieure est la matière corporelle et l’autre la matière animale ? Car ce qui est ici appelé firmament sera appelé ciel plus loin. Mais parmi les corps il n’y a rien de plus élevé que les corps célestes. Autres en effet sont les corps célestes, autres les corps terrestres; et sans aucun doute les corps célestes sont les meilleurs. Je ne sais comment on pourrait appeler corps ce qui les dépasse, c’est peut-être une puissance soumise à la raison, raison dont la lumière nous fait connaître Dieu et la vérité; une nature qui étant susceptible d’être formée par la vertu et la prudence et trouvant dans la vigueur de celle-ci, le moyen de fixer son agitation et d’acquérir une consistance qui la rend comme matérielle, a été par Dieu même justement désignée sous le nom d’eau; et cette eau serait au-dessus du ciel corporel, non pas localement, mais par sa qualité d’être incorporel. Du reste puisque le firmament a été appelé le ciel, c’est avec raison que l’on tient comme plus changeant et plus dissoluble ce qui est au dessous du ciel éthéré où tout est tranquille et bien affermi. Cette espèce de matière corporelle, ayant existé dans la confusion primitive, avant d’avoir la forme distincte et les qualités particulières, d’où elle prit le nom de firmament; il y a eu des hommes pour voir en elle, des eaux froides et visibles qui semblables à celles de la terre ferme au dessus du ciel. Et ils ont voulu en donner pour preuve la lenteur de l’une des sept planètes appelée phainon, brillante, par les Grecs; laquelle est plus élevée que les autres, et met trente ans à parcourir le cercle de sa révolution dans le zodiaque : ils ont prétendu qu’elle est si tardive parce quelle est plus voisine des eaux froides qui couvrent la superficie du ciel. J’ignore comment on peut soutenir cette opinion parmi ceux qui s’occupent avec soin de ces questions. Mais il ne faut sur cela rien affirmer témérairement : il faut tout traiter avec précaution et modestie. »
Un augustin très prudent donc. Dans un autre texte, il essaie néanmoins d’étudier l’Écriture de façon purement littérale et se confronte à ce problème d’eau du dessus du firmament. Il fixe d’abord les règles du concordisme que cela implique par rapport à la science : « Plusieurs prétendent en effet que les eaux ne peuvent physiquement se tenir au-dessus du ciel étoilé, parce que selon les lois de la pesanteur, elles doivent couler sur la terre, ou s’élever sous forme de vapeur à quelque hauteur seulement dans l’atmosphère. Qu’on ne s’avise pas d’objecter à ces physiciens qu’en vertu de la puissance infinie de Dieu les eaux ont pu, malgré leur pesanteur, se répandre au-dessus des régions célestes où nous voyons maintenant les astres se mouvoir. Notre but est de chercher, d’après les livres saints, les lois que Dieu a imposées à la nature, et non le miracle qu’il peut opérer par elle et en elle pour manifester sa puissance. Si par exception Dieu voulait que l’huile restât sous l’eau, le phénomène aurait lieu : nous n’en connaîtrions pas moins la propriété qui fait monter l’huile au-dessus de l’eau malgré l’obstacle qu’elle lui oppose. Examinons donc si le Créateur « qui a disposé tout avec nombre, poids et mesure » loin d’assigner aux eaux un lit unique à la surface du globe, les a encore superposées à la voûte céleste, en dehors de notre atmosphère. »
Une fois ceci établi, il regarde comme l’eau pourrait être au dessus des cieux, ce qui forme une objection logique : « Cette objection a frappé un auteur, et il a cherché un moyen de démontrer que l’eau était suspendue au-dessus des cieux, afin de concilier l’Écriture avec les lois de la physique. Il prouve d’abord, ce qui était facile, que l’air et le ciel sont des expressions synonymes, non-seulement dans le langage ordinaire où l’on dit sans cesse un ciel pur, un ciel chargé de nuages; mais encore dans le style de l’Écriture, par exemple : « Voyez les oiseaux du ciel » or, le ciel où volent les oiseaux ne peut être que l’air. En parlant des nuages, le Seigneur dit lui-même : « Vous savez juger l’aspect du ciel » Quant aux nuages, nous les voyons se former dans l’air qui nous avoisine, retomber le long des montagnes et souvent même rester au-dessous de leurs cimes. Ce point établi, il prétend que le firmament a été ainsi appelé, parce qu’il met comme une ligne de démarcation entre les vapeurs légères, sorties du sein des eaux, et les eaux plus denses qui coulent sur la terre. Les nuages, en effet, comme l’ont vérifié tous ceux qui les ont traversés dans les montagnes; ressemblent à un amas de gouttelettes très-déliées. Ces molécules viennent-elles à se condenser et à se réunir en une grosse goutte? L’air ne pouvant plus la soutenir l’abandonne à son propre poids et elle tombe sur la terre. Tel est le phénomène de la pluie. Par conséquent, dans l’air, placé entre les vapeurs dont les nuages sont formés et les eaux répandues sur la terre, il retrouve le ciel qui divise les eaux d’avec les eaux. Cette explication si exacte mérite, à mon sens, les plus grands éloges : elle n’est point contraire à la foi et s’accorde avec l’expérience la plus facile à réaliser. Toutefois on peut penser aussi que la pesanteur n’empêche point l’eau de rester au-dessus du ciel, sous forme de vapeurs, puisqu’elle ne l’empêche pas, sous la même forme, d’être suspendue en l’air. Quoique plus lourd et par conséquent moins haut que le ciel, l’air est sec, aucun doute plus léger que l’eau, ce qui n’empêche pas les vapeurs de monter au-dessus. Il est donc possible qu’une masse liquide, réduite en vapeurs infiniment plus subtiles, s’étende par delà le ciel, sans être forcée d’en descendre par les lois de la pesanteur. ».
Puis Augustin va se poser la question de la nature du ciel et de l’importance de cette question dans notre salut, où il apparaît clairement aussi qu’il est platiste : « On agite assez souvent la question de savoir quelle est la configuration du ciel d’après nos Saints Livres. C’est un sujet sur lequel les savants ont accumulé des volumes et que les écrivains sacrés ont sagement négligé; tous les systèmes sont inutiles au bonheur, et ce qui est pis, dérobent un temps précieux qui devrait être consacré au salut. Que m’importe que le ciel soit une sphère qui enveloppe de toutes parts la terre immobile au centre du monde, ou un disque immense qui ne la recouvre que d’un côté? Toutefois, comme l’autorité de l’Écriture est en jeu, et qu’il est à craindre que les esprits étrangers à la parole divine, rencontrant dans nos saints livres ou entendant dire aux chrétiens des choses qui semblent contredire les vérités scientifiques, n’en profitent pour repousser l’histoire, les dogmes, la morale de la religion; il faut répondre en peu de mots que les écrivains sacrés savaient fort bien la véritable configuration du ciel, mais que l’Esprit-Saint, qui parlait parleur bouche, n’a pas voulu découvrir aux hommes des connaissances inutiles à leur salut.
Mais, dira-t on, l’expression du Psalmiste « Il a étendu le ciel comme une peau (ps 103:2), » ne dément-elle pas le système de la sphéricité du ciel? Eh bien! qu’elle le démente, s’il est faux: la vérité est dans la parole infaillible de Dieu plutôt que dans toutes les conjectures de la faible raison. Le système repose-t-il sur des preuves incontestables? Démontrons que l’expression du Psalmiste ne le contredit pas. A ce titre, en effet, elle contredirait un autre passage de l’Écriture elle-même, où le ciel est comparé à une voûte (Is 40:22 selon le grec) car, qu’y a-t-il de plus différents qu’une peau étendue et une voûte arrondie? Or, il faut bien trouver une explication qui accorde entre eux ces deux passages, il faut également montrer que les deux passages réunis ne contredisent pas l’opinion de la sphéricité du ciel, à condition toutefois qu’elle soit établie sur des raisons solides.
La comparaison du ciel avec une voûte, même au pied de la lettre, ne présente aucune difficulté. On peut fort bien croire que l’Écriture n’a voulu parler que de la configuration du ciel suspendu au-dessus de nos têtes. Donc, si le ciel n’est pas sphérique, il s’arrondit en voûte, dans l’espace où il couvre la terre ; s’il est sphérique, il s’arrondit en voûte dans tout l’espace. Quant à la comparaison du ciel avec une peau, elle est plus embarrassante: il faut en effet la concilier, non avec la sphéricité du ciel, qui n’est peut-être qu’une imagination, mais avec la voûte dont parle l’Écriture. On trouvera au XIII livre de mes Confessions l’explication allégorique de ce passage. Qu’il faille voir tel ou tel symbole dans cette manière d’étendre le ciel comme une peau, je vais, pour contenter ceux qui pèsent scrupuleusement le sens littéral, donner une explication matérielle et, je l’espère, à la portée de tous : car, puisqu’il y a sans doute un lien entre ces deux expressions, au sens figuré ; il faut examiner si, au sens littéral, elles n’admettent pas une interprétation commune. Eh bien ! le mot camera (voûte, plafond) s’entend d’une surface plane ou concave ; or, une peau peut aussi bien s’étendre sur un plan horizontal que s’arrondir en sphère, témoin une vessie, une outre.
Le ciel est-il en mouvement ou immobile? c’est une question quelquefois débattue parmi nos frères eux-mêmes. S’il est en mouvement, disent-ils, comment expliquer le firmament? S’il est immobile, comment les astres, attachés, dit-on, à sa voûte, tournent-ils d’orient en occident, en décrivant près du pôle nord un cercle d’un moindre rayon, de sorte que la rotation du ciel est celle d’une sphère, s’il existe un pôle à l’extrémité opposée, celle d’un disque, s’il n’y en a pas? Je leur réponds que c’est par les raisonnements les plus subtils et les plus contournés qu’on recherche ce qu’il peut y avoir de vrai ou de faux dans ces systèmes; que le temps me manquerait, pour développer ces théories, et qu’il doit manquer ceux que nous désirons former pour accomplir leur salut et pour rendre tous les services nécessaires à la sainte Église. Qu’ils sachent seulement que le terme de firmament ne nous oblige point à regarder le ciel comme immobile : car ce terme peut fort bien signifier, non l’immobilité du ciel, mais la barrière solide, infranchissable, placée entre les eaux supérieures et les eaux inférieures. Serait-il démontré que le ciel est immobile? la révolution des astres ne nous obligerait pas à repousser la vérité de ce système. En effet, des philosophes qui ont consacré tout leur temps et toute leur subtilité à résoudre ces problèmes, ont découvert que, dans l’hypothèse de l’immobilité du ciel, le mouvement propre des astres suffirait à expliquer tous les phénomènes que l’expérience rattache à leurs révolutions périodiques. »
Voilà pour les commentaires patristiques très riches.
Augustin sur le concordisme
J’aimerai finir sur un dernier texte d’Augustin, non sur ce second jour, mais sur le concordisme, qui existait visiblement déjà à son époque. Il s’adresse à ceux qui sont tentés par cette impasse spirituelle et leur dit : « Dans cette discussion, j’ai éclairci le texte de la Genèse, en multipliant les explications autant que je l’ai pu; j’ai proposé différents commentaires sur les passages obscurs où Dieu exerce notre intelligence. Je n’ai rien avancé avec une présomption qui condamne d’avance tout autre solution, quoiqu’elle puisse être meilleure; on peut, selon la portée de son esprit, admettre l’explication qu’on trouve la plus satisfaisante, à condition d’accueillir les passages difficiles avec autant de respect pour l’Écriture que de défiance pour soi-même. Que ces explications si diverses des paroles sacrées servent du moins à en imposer aux personnes qui, enflées de leur science mondaine, critiquent comme une œuvre de barbarie et d’ignorance des paroles destinées à entretenir la piété dans les cœurs : elles n’ont pas d’ailes et rampent sur la terre, grenouilles boiteuses qui poursuivent de leurs coassements les oiseaux dans leur nid. Plus dangereuse encore est l’illusion de ces faibles chrétiens qui, en entendant les impies discuter sur le mouvement des corps célestes ou sur les phénomènes physiques avec autant de finesse que d’éloquence, se sentent anéantis : ils soupirent en se comparant à ces prétendus grands hommes; ils reviennent avec dégoût à l’Écriture, source de la plus pure piété, et se résignent à peine à effleurer ces livres qu’ils devraient dévorer avec délices ; le labeur de la moisson leur répugne et ils jettent un regard avide sur des épines fleuries. Ils ne s’appliquent plus à goûter combien le Seigneur est doux…
On va me dire : Eh bien ! que résulte-t-il de ces discussions agitées avec tant de fracas? Où est le bon grain que tu as recueilli? Pourquoi la plupart de ces problèmes restent-ils aussi obscurs qu’auparavant? Affirme enfin quelques-unes de ces vérités dont la plupart, à t’entendre, sont accessibles à l’esprit. Ma réponse est facile ; J’ai trouvé un aliment délicieux; je me suis convaincu qu’en s’inspirant de la foi, on trouve toujours une réponse à faire aux spirituels qui se plaisent à attaquer les Livres de notre salut. Ont-ils, sur la nature, des principes solidement établis ? Nous leur prouvons que l’Écriture n’y contredit pas. Tirent-ils des ouvrages profanes quelque proposition contraire à l’Écriture, c’est-à-dire, à la foi catholique ? Nous avons la logique pour en démontrer la fausseté, ou la foi pour la rejeter sans l’ombre d’un doute. Ainsi demeurons attachés à notre Médiateur, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science; et gardons-nous tout ensemble des sophismes d’une philosophie verbeuse, et des terreurs superstitieuses d’une fausse religion. Lisons-nous les livres saints? Dans cette multitude de pensées vraies, exprimées en quelques mots et protégées par la plus pure tradition de la foi, choisissons le sens qui s’accorde le mieux avec les intentions de l’Écrivain sacré. Cette intention n’est-elle pas marquée? Préférons, choisissons celui que le contexte permet d’adopter et qui est conforme à la foi. Si enfin le contexte ne souffre ni éclaircissement ni discussion, tenons-nous en aux prescriptions de la foi. Il est bien différent, en effet, d’être incapable de saisir la pensée véritable de l’écrivain sacré ou de s’écarter des principes de la religion. Si on réussit à éviter ces deux écueils, la lecture porte tous ses fruits : si on ne peut échapper à tous deux, on tire avec profit d’un passage obscur une maxime conforme à la foi. »
Je ne pense pas pouvoir trouver de meilleure conclusion. Je vous remercie de votre fidélité. A bientôt, pour l’étude du troisième jour.