Les conciles contre le montanisme

Eusèbe rapporte ainsi la réponse canonique de l’Eglise face au montanisme : « les fidèles d’Asie se réunirent souvent et dans beaucoup d’endroits au sujet de Montan et de ses partisans, et ils examinèrent cette nouvelle doctrine et la déclarèrent étrange et impie » (hist. Eccl. Liv V ch 16). Nous ne possédons pas cette déclaration directement, mais il s’agit d’un fragment rapporté par Eusèbe et attribué à l’évêque Apollinaire d’Hiérapolis en Phrygie. Une histoire ecclésiastique grecque du 9ème siècle (le Libellus synodicus) donne quelques précisions : Apollinaire a présidé un synode dans la ville de Hiérapolis condamnant le montanisme ; l’évêque Sotas d’Anchiale fit de même dans un synode dans sa ville. Il y a donc plusieurs sources permettant de retracer ces tous premiers conciles du deuxième siècle.
En effet, on peut considérer que le concile de Jérusalem, tenu par les apôtres et relaté dans le livre des Actes fut le seul du premier siècle. Pour mémoire, ce concile avait pour objectif de fixer les devoirs des non-juifs dans l’Eglise relativement à l’observance mosaïque.

Eusèbe nous donne d’autres détails très vivants : Apollinaire et Sotas ont écrit, ont prêché contre Montan. Sotas a même voulu exorciser Priscille, la compagne de Montan, mais sans pouvoir réaliser son exorcisme, empêché par les montanistes. Ce sont des détails très vivants, mais pas très académiques au sens de la science historique, parce que par exemple, nous n’avons pas la date de ces conciles. Il paraît logique que cette réaction de l’Eglise survienne après l’apparition du montanisme. Mais le début de cette hérésie est également peu ou pas documenté. Les historiens disent entre 126 et 172… On a même des invraisemblances complètes, puisque Maximille (sœur de Priscille), prophétesse du montanisme est censée mourir en 86 après JC, ce qui est probablement une erreur d’un siècle. Le consensus historico-critique, pour ce qu’il vaut, semble vouloir indiquer 151, se basant sur le fait que le pasteur d’Hermas, semble avoir été écrit avec des accents anti-montanistes. Mais ceci reste du domaine de la spéculation. Le Libellus Synodicus, indique que la période est celle de la persécution de Marc Aurèle. Nous serions donc plus vraisemblablement en 160-180.

Ce qui est sûr est que Victor fut Pape entre 189 et 198 et qu’il a excommunié Théodote, une figure du mouvement. Eusèbe parle d’un Théodote, un des tous premiers partisans de Montan, condamné en concile. Le concile présidé par Sotas d’Anchiale condamne un Théodote le corroyeur. Il est très compliqué de savoir s’il s’agit d’une seule et même personne, car on trouve également mention d’un Théodote partisan de l’hérésie adoptianiste, qui n’est pas du tout la même erreur que le montanisme.
L’adoptianisme postule que le Christ fut adopté par Dieu lors de son baptême dans le jourdain, et qu’il était donc tout à fait humain. Paul de Samosate reprendra plus tard ce même postulat avec plus de vigueur et de résultats.
Le montanisme est un système charismatique antique, basé sur une relation personnelle avec l’Esprit Saint, permettant de réaliser des extases prophétiques. Cette relation avec l’Esprit leur permettait notamment de suspendre des commandements du Christ ou des recommandations de l’Apôtre Paul. Montan ainsi pouvait déclarer être la Sainte Trinité, ou parler prophétiquement en commençant son laïus par « ainsi parle le Seigneur… »