texte original

ἔνθεν ἀπορνύμεναι, κεκαλυμμέναι ἠέρι πολλῇ, ἐννύχιαι στεῖχον περικαλλέα ὄσσαν ἱεῖσαι, ὑμνεῦσαι Δία τ᾽ αἰγίοχον καὶ πότνιαν Ἥρην Ἀργεΐην, χρυσέοισι πεδίλοις ἐμβεβαυῖαν, κούρην τ᾽ αἰγιόχοιο Διὸς γλαυκῶπιν Ἀθήνην Φοῖβόν τ᾽ Ἀπόλλωνα καὶ Ἄρτεμιν ἰοχέαιραν ἠδὲ Ποσειδάωνα γεήοχον, ἐννοσίγαιον, καὶ Θέμιν αἰδοίην ἑλικοβλέφαρόν τ᾽ Ἀφροδίτην Ἥβην τε χρυσοστέφανον καλήν τε Διώνην Λητώ τ᾽ Ἰαπετόν τε ἰδὲ Κρόνον ἀγκυλομήτην Ἠῶ τ᾽ Ἠέλιόν τε μέγαν λαμπράν τε Σελήνην Γαῖάν τ᾽ Ὠκεανόν τε μέγαν καὶ Νύκτα μέλαιναν ἄλλων τ᾽ ἀθανάτων ἱερὸν γένος αἰὲν ἐόντων. αἵ νύ ποθ᾽ Ἡσίοδον καλὴν ἐδίδαξαν ἀοιδήν, ἄρνας ποιμαίνονθ᾽ Ἑλικῶνος ὕπο ζαθέοιο. τόνδε δέ με πρώτιστα θεαὶ πρὸς μῦθον ἔειπον, Μοῦσαι Ὀλυμπιάδες, κοῦραι Διὸς αἰγιόχοιο:

traduction proposée

Puis, enveloppées d’air, elles se dressent et sortent la nuit chantant de leur sublimes voix, au porteur de l’égide et à la reine d’Argos Héra, qui marche avec des sandales d’or, et à Athena aux yeux brillants, la fille de Zeus, le porteur d’égide, et à Phoebus, Appolon et Artémis verseuse de flèches, le stupéfiant Poséïdon, la respectée Thémis, et à Aphrodite au regard rapide, à Hébé à la couronne d’or, à la belle Diane, Léto, Iapétus et Chronos le mauvais conseiller, Eos, au grand Hélios, à la brillante Sélène, à la terre, à Océanus aussi, et à la nuit profonde et à la race des autres immortels. Et un beau jour elles enseignèrent cette ode à Hésiode, qui paissait ses moutons sur le saint Helicon, et le premier mot que les déesses, les jeunes filles de Zeus, porteur d’égide, me dirent :



Commentaire/Analyse





Ce texte est très court, mais d’une grande richesse pour notre étude. Déjà, pour ceux qui sont familiers de la mythologie grecque dans sa présentation classique et populaire, c’est un peu déroutant et inattendu. Zeus, est systématiquement appelé « porteur d’égide ». La première mention de lui dans le texte est celle-ci, sans son nom. Ce n’est qu’après qu’il est appelé Zeus. Donc, cette mention était dans la culture grecque, une sorte de synonyme. D’après les encyclopédies, l’égide serait une arme merveilleuse. Mais nul ne sait au juste de quoi il s’agit. Les versions divergent grandement. Euripide y voit une cuirasse recouverte de la peau de la Gorgone. En tout cas, il semble que Zeus déclenche la foudre en secouant l’égide. Cela le renvoie donc plutôt naturellement à sa fonction de divinité du tonnerre.

On remarquera ensuite que de nombreux dieux grecs, et pas seulement Zeus, sont dotés d’une sorte de caractéristique : Héra aux sandales d’or, Athéna aux yeux brillants, Artémis la verseuse de flèches (probablement pour souligner une grande adresse à l’arc), etc. Nous sommes ici dans un cadre inévitable du polythéisme. Chaque dieu, doit se différencier des autres. Chaque dieu a sa particularité. Quel contraste avec le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob !! On imagine pas à quel point la révélation mosaïque était absolument révolutionnaire, inouïe, à nulle autre semblable.

Pour finir sur ce texte, on pourra voir un passage intéressant où Hésiode semble parler de lui à la troisième personne. Il ne dit pas « le jour où les muses m’enseignèrent » mais bien « le jour où elles enseignèrent cette ode à Hésiode ». Le plus probable, est qu’Hésiode ne devait pas être le seul à conter cette théogonie. Ainsi, dans cette situation d’un conteur tiers, la phrase prend tout son sens. Mais ceci donne également à Hésiode un statut particulier : celui du récepteur d’une révélation. Il devient ainsi, d’une certaine façon, pour les dieux grecs, l’équivalent d’un écrivain biblique. Il est celui que les dieux ont choisi pour conter aux hommes leur histoire. Il est la bouche des dieux. Il est le scribe des dieux. La démonologie tient ici un document précieux : les démons se présentent aux hommes. Mais contrairement au biblique, il faudra savoir l’analyser comme un texte de ce que les anges rebelles veulent que les hommes pensent d’eux. Nous sommes donc loin de la vérité.