Jacob de Nisibe, fêté le 13 janvier (ou le 31 octobre)

La ville de Nisibe est l’actuelle Nusaybin, ville de Turquie à la frontière syrienne, et assez proche de l’Irak. Jacob nait à Nisibe au troisième siècle et commence par étudier. Puis il se retire rapidement au désert ayant choisi une vie d’ascèse et de contemplation. Il ne se nourrit que de fruits sauvages et de plantes comestibles. Il passe les rigueurs de l’hiver dans une grotte et supporte la chaleur estivale à l’ombre des arbres d’une forêt.

Il choisit d’aller évangéliser la lointaine Perse, ayant appris que le paganisme y règne sans partage. Sur la route, il rencontre un groupe de jeunes femmes, lavant des draps à une fontaine, totalement dépourvues de cette modestie orientale que la culture de cette époque et de ce lieu attend de la gente féminine. Choqué, Jacob maudit la fontaine qui se tarit aussitôt. Et sa colère contre les jeunes femmes a pour effet de faire blanchir instantanément les cheveux des demoiselles qui paraissent tout d’un coup vêtues d’une chevelure de vieillard. Celles-ci vont immédiatement dans leur village, raconter cet incident. Les habitants accourent à la fontaine et implorent Jacob, qui se laisse gagner au pardon. Les textes ne nous disent rien du succès de son voyage en Perse.

Lorsque l’évêque de la ville de Nisibe mourut, tout le monde considéra que Jacob était le plus indiqué pour lui succéder. Il fut donc élevé à la dignité épiscopale mais ne changea rien à son mode de vie ascétique. Bien évidemment il renonça à la solitude du désert pour vivre en ville. Il donnait systématiquement le fruit des dons aux pauvres et aux nécessiteux. Certains voulurent profiter de sa générosité. Ils firent croire que l’un des leurs était mort et qu’ils n’avaient pas assez pour lui offrir une sépulture. Jacob pria pour celui qu’il pensait mort afin que Dieu l’accueille dans son royaume et donna l’argent nécessaire. Les voleurs furent bien surpris lorsque celui qui jouait le mort se retrouva effectivement mort. Jacob avait demandé que Dieu l’accueille dans son royaume ! Ils avouèrent leur méfait à l’évêque qui sans leur tenir rigueur de cette fourberie ressuscita leur ami mort.

Lorsque l’arianisme suscita une grande controverse au début du quatrième siècle et que l’empereur Constantin convoqua tous les évêques de son empire, Jacob fut invité et il se rendit naturellement à Nicée pour y défendre la foi chrétienne orthodoxe. 11 ans plus tard, lorsqu’Arius ayant berné Constantin allait pouvoir concélébrer dans la cathédrale de Constantinople et communier, Jacob de Nisibe fut parmi les évêques entourant le patriarche de Constantinople et priant pour que Dieu ne laisse pas se produire pareille infamie. On se souviendra que Dieu écouta leur prière et qu’Arius mourut avant que de pouvoir communier.

Son fait le plus célèbre reste néanmoins comment il agit lors du siège de sa ville de Nisibe par les armées perses. Ceci se produisit en 350. Le roi perse, aidé de quelques hommes doués et ingénieux avait réussi à détourner le cours du fleuve qui traverse Nisibe pour qu’il se jette violemment contre les murs de la ville. Ceux-ci furent détruits. Le roi perse, pensant la partie gagnée, laissa une nuit de réflexion aux habitants de Nisibe afin de se rendre dans les meilleures conditions. Jacob pria toute la nuit et Dieu écouta sa prière : les murs de la ville se retrouvèrent reconstruits. Le roi de perse enragea encore davantage lorsqu’après une nouvelle prière de Jacob, son armée fut assaillie par une colossale nuée de moucherons. L’armée perse qui reposait beaucoup sur l’utilisation d’animaux tels que les chevaux et les éléphants fut durement handicapée car les animaux ne supportèrent pas la chose. L’armée du roi perse se retrouva totalement désorganisée et il dut repartir en quasi débâcle après trois mois de siège.

Jacob mourut peu de temps après. Son corps dut être enlevé de la ville lorsque l’empereur Jovien dut céder la ville aux perses. Ses reliques furent envoyées à Constantinople en 970. Son disciple le plus connu est le diacre Ephrem, connu en tant que saint Ephrem le syrien.

Il est fêté dans le monde orthodoxe le 13 janvier ou le 31 octobre selon les traditions. Les icones peuvent le montrer sur les remparts de Nisibe tenant tête seul à l’armée perse.